Lost in tergiversations

2000-2010, Une décennie « perdue » ? Cette interro-affirmation empruntée aux économistes qui désignaient ainsi la crise économique en Amérique Latine dans les années 80 et plus récemment la  bulle économique survenue au Japon dans les années 90, fleurit et virevolte de conversations en rétrospectives.

Si l’on s’en tient à une analyse radicale de comparaison des chiffres de fin 2009 avec ceux du début de 2000, les différences observées sur de nombreux indicateurs sont nulles voire négatives. De manière un peu plus fine, on observe que la progression de ces indices est de type cyclique, et que chaque rupture de pente correspond à un évènement mondial, puisque tous les indicateurs mentionnés suivent peu ou prou les mêmes tendances. Ce qui me surprend, c’est que les cycles soient aussi longs. En effet, le panier de la ménagère est congru avec le moral des citoyens lui-même congru avec les indices boursiers. Avec une rapidité de réaction à la mesure de la vitesse de propagation de  « l’information ».  Compte tenu de la versatilité de l’opinion publique, je conclue que cette relative constance démontre définitvement la prédominance de la gouvernance financière.

Gouvernance incarnée, entre autres, par Barack Obama qui s’inquiétait dès février 2009 d’une possible « Lost decade ». Or réussir dans le même temps à maintenir le cap de la croissance (l’indice Dow Jones est passé de 6400 à 10000 points entre février et décembre 2009) ET faire adopter une loi pour la protection sociale généralisée à tous les Etats Uniens… « hats off mister President ».

C’est beaucoup moins glorieux de notre côté. Certes Christine Lagarde se démène, mais c’est sans compter les approximations, les tergiversations de la gouvernance française. Exit la taxe carbone. Excellente intention au départ, mal fagotée, détournée pour satisfaire à des revendications corporatistes (exemption de taxe carbone pour les transports routiers) et finalement recalée par le conseil constitutionnel : « Peut mieux faire ». Et voilà comment une fois de plus les tergiversations, mais pas seulement de la classe politique, car les français ont eu quasiment une fois par an l’occasion de s’exprimer avec leurs bulletins de vote, voilà comment nos tergiversations ont eu raison d’idées nobles.

Il arrive que perdre son temps soit profitable. Si nous réalisions que les primes années 2000, furent celles des illusions perdues, il se pourrait que la décennie suivante puisse être celle des retrouvailles. Retrouvailles en forme de réconciliation avec le goût du savoir et la réappropriation des valeurs simples et cependant exigeantes  comme l’humilité, de l’engagement et de l’intégrité. Si vous cheminez dans ce sens, j’espère que nous nous y rencontrerons.

 Bonne année 2010

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2 réponses à Lost in tergiversations

  1. FrédéricLN dit :

    Bonjour, hypothèse intéressante ! Je ne pense pas que cette décennie ait été tout à fait perdue. C’est celle de la diffusion mondiale d’internet et de la communication mobile, ce qui est un grand changement. Elle a aussi été marquée par de grands progrès dans la prévention des famines (déjà largement entamés dans les années 90).

    Ceci dit, je crois bien que le paquebot file sur son erre depuis le 11 septembre 2001 et a grandement besoin de trouver un nouveau cap !

  2. didier dit :

    Absolument d’accord avec l’image du paquebot. Nous extrapolons des modèles sans originalité. Et d’accord aussi pour dire que, même face à un constat terne, cette décennie n’était pas perdue. L’émergence de courants nouveaux demande un temps de maturation et de préparation. Je n’oublierai pas que pendant cette période, notre aînée a été candidate aux municipales, ma chérie candidate aux cantonales avec notre ami Philippe Chadeyron, et j’ai été candidat aux législative avec notre amie Françoise Colleau. Nous serions nous engagés autant si nous n’avions perçu cette nécessité impérieuse d’infléchir le cap? Probablement pas, et certianement pas sur le terrain politique.

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