« Si ça vous amuse »

 C’est le titre du dernier livre écrit par Michel ROCARD dans lequel il retrace la « chronique de ses faits et méfaits ». Il y est question des médias, devenus chez lui sujet d’irritation permanente, même s’il les fréquente volontiers pour la promotion de ses livres. « Un débat de société sur le caractère nuisible des médias sur la politique doit être ouvert », réclame-t-il.   

 

De manière très immodeste je rapproche cette réflexion de celle que j’ai eu l’avantage de développer il y a peu dans un groupe de réflexion. Alors que le thème de la discussion était centré sur la crise, je me rangeais rapidement du côté de ceux qui estiment qu’au delà de la crise économique, mitonne une crise de conscience qui se traduit par un mal être ambiant, nuisible à un rebond économique et social. Poussant plus avant cette piste de réflexion, je développais l’idée d’une information devenue toxique à force d’être maîtrisée. Prenons trois cas de figure.

Une information ne reste jamais longtemps confidentielle; à sa naissance, une information critique est maintenue dans cet état de confidentialité, le temps de la disséquer, de l’analyser et de définir des stratégies de communication en fonction des décisions à prendre. Qu’une fuite volontaire ou involontaire se produise, et c’est une information parcellaire, incomplète, dénuée de contexte et par essence même subjective qui va migrer et diffuser un venin lié à son insuffisance.

Autre aspect, amplifié par la puissance des réseaux de communication actuels. A force de vouloir réussir les plans de communication, et grâce au recours à des professionnels sans cesse plus efficaces, la tentation est grande d’opter pour une information descendante (au sens de la communication transactionnelle), et donc vendeuse, c’est-à-dire une communication tellement bien préparée que le destinataire n’a d’autre choix « qu’acheter » le contenu de l’information qui lui est soumise. Ce qui a pour effet d’annihiler progressivement l’analyse personnelle et par là même le bon sens commun.

Plus perverse encore, cette information qui marie les deux genres précédemment évoqués : un mélange subtil d’information factuelle avérée, indiscutable dans laquelle est introduite, à petite dose, une information décalée, discutable, irritante. Qu’une réaction se produise et le producteur de l’information aura beau jeu de noyer le débat en ne le replaçant que sur le terrain de l’information factuelle. C’est un jeu auquel se livre à profusion le gouvernement actuel, un jeu dangereux, souvent manipulé par des apprentis sorciers.

 

On prête à Noël MAMERE l’expression «Trop d’informations tue l’information». Je ne suis pas convaincu que ce soit le volume de l’information qui soit en question, mais plus sa pertinence et la capacité de chacun à la décoder et à s’approprier les éléments de cette information qui construisent une réflexion et un projet. En suivant cette logique, le débat proposé par Michel ROCARD prend tout son sens

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